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Grève des auteurs. Communiqué du collectif des auteurs.
Contrairement aux allégations de l'éditeur le collectif des auteurs n'est pas en panne d'inspiration mais en grève illimitée jusqu'à la révision de leurs conditions de travail et l'engagement pris par l'éditeur de renoncer à son projet de nous délocaliser en mer de Chine.
-Personnellement la Mer de Chine pour un naufrage je déconseille fortement. Intervient notre commandant.
-Mais mon commandant bien au contraire c'est l'idéal, il y a des requins en quantité en Mer de Chine ce sera autrement spectaculaire que vos icebergs à pingouins. Insiste l'éditeur.
-Vous pourriez en faire venir ici quelques uns peut-être? Par Internet en 4° classe ce ne doit pas être d'un coût excessif.
-Les pauv' bêtes! En plein Atlantique-nord vous rigolez mon commandant.
-Je n'en ai point l'habitude, jeune homme.
-Trois mois qu'on a embarqué et on a touché que la prîme d'embarquement depuis plus rien! Reprennent comme un choeur antique les auteurs.
-Je vous ai déjà dit que j'avais en ce moment quelques embarras, mais enfin merde vous imaginez pas ce que ça coûte un feuilleton interneto-diffusé... et une superproduction encore, rien que les 8000 connards à bord, 'faut les nourrir quoi merde!
-Je vous en prie surveillez votre langage, jeune homme! Déclare notre commandant avec la sobre autorité qu'on lui connait.
- De toutes façons c'est décidé, je prends des auteurs chinois et direction la Mer de Chine.
-Sans moi jeune homme, J'ai fait onze fois naufrage dans l'Atlantique-Nord mais je ne connais pas un gentleman qui consentirait à aller s'abîmer en Mer de Chine. Et pourquoi pas dans le Yang-Tsé-Kiang tant qu'on y est!
Vrai cet homme m'émeut quelle dignité!
L'éditeur lui perd ses nerfs:
-'tain si ça continue je vous mets sur un sîte indonésien!
-Ce ne sera pas la même audience de qualité.
-Non mais vous rigolez, j'appelle ça "lachatteabritney.com" et vous allez voir l'embouteillage mes bonshommes!
A ce moment Mademoiselle Shwartzgurd arrive en fond de câle où sont logés les auteurs et où se déroulent les négociations:
-Je voudrais bien savoir comment se termine cette édifiante histoire, avoue ingénuement notre bibliothécaire, je prise particulièrement les feuilletons... maintenant s'il s'agit véritablement d'une panne... j'entends une panne d'inspiration je propose pour terminer une sorte de grande fête amoureuse et sensuelle.
Le petit policier français venu lui aussi aux nouvelles s'exclame:
-Une partouze... elle veut que ça se termine en partouze! Manquerait que ça! Je vais prévenir la mondaine par radio-télégraphe qu'ils nous envoient du monde!
-Oh c'était juste une suggestion. Boude Mademoiselle Shwartzgurd.
Quand je pense à la petite bonne toujours suspendue dans les airs entre les deux batîments, avec la nuit qui vient, je la prends en pitié.
Les négociations se poursuivent sur le même ton non négociable jusqu'à ce qu'arrive le Révérend Hooples qui ne comprend trop rien à la situation et propose de mettre notre commandant aux fers.
-Et au motif mon révérend?
-Au motif commandant que vous êtes Fantaltomass
-Première nouvelle!
-C'est vous même lieutenant qui me l'avez dit aprés que vous eussiez découvert son déguisement de rat d'hôtel ravaudé.
-Mais c'est vous-même lieutenant qui me l'avez fait porter par l'entremise de votre ami égyptien! Explique notre commandant à ma grande confusion.
-Si je comprends bien c'est la personnalité de ce Fantaltomass l'insaisissable assassin qui pose problême, les auteurs ne savent pas eux-mêmes qui il pourrait être n'est-ce pas messieurs?
-Ma foi, révérend, on est un peu dans le flou, les veilles prolongées, l'alcool aidant, le travail sur écran, on voit double, on sait plus trop où on en est... on avait pensé que peut-être ce pourrait être le lieutenant...
Qu'entends-je, moi Fantaltomass l'insaisissable assassin:
-Spéculation absurde. Dis-je avec fermeté. Si je l'étais je pense que je m'en serais rendu compte messieurs... enfin il me semble...
Mais de fait je ne suis plus aussi affirmatif, aprés tout les phénomênes de somnambulisme et de bilocation pourraient peut-être expliquer...
-Y voyez-vous quelque inconvénient Lieutenant? insiste le révérend qui déguisé en Savonarole est assez persuasif, pourtant je trouve la force de rétorquer:
-Je ne puis être raisonnablement Fantaltomass l'insaisissable assasssin puisque ma vocation est la marine, non l'assassinat et que je ne suis pas insaisissable.
-Je vous donnerai des tuyaux, laissez-vous faire... me murmure l'inspecteur de la Sureté française.
-J'ajoute que dans la cas d'une réponse favorable de votre part monsieur le douziéme officier vous prendriez sur le champ la charge de cinquiéme officier du bord.
Christ la proposition devient bigrement intéressante! Ah il y tient à son douziéme naufrage notre commandant, maintenant savoir d'où partira le coup?
-Bien j'y consens. M'entends-je murmurer à mon grand étonnement.
-Fort bien la question est tranchée monsieur le cinquiéme officier et je crois à la satisfaction des auteurs? Déclare notre commandant.
Les auteurs soulagés approuvent mais cet idiot d'éditeur tout à ses combinaisons mal nées ne veut rien entendre et il a commencé d'installer ses auteurs chinois dans une cuve à huiles lourdes désaffecté entre la treiziéme et la quatorziéme chaudière, il leur jette quelques paillasses, trois quignons et les engage à se mettre au travail sur le champ. Ce qu'ils font à la stupéfaction générale en frappant tous ensemble avec énormément de mains ( comment lutter?) pour ne point perdre de temps sur un vieux clavier clandestin:
-Vous pourriez vous occuper de la petite bonne toujours accrochée là-haut entre les deux batîments! Dis-je inaugurant mon impérium de cinquiéme officier.
-Petite bonne s'en fout, cable a pété bouffée requin, important: capitaine de la jonque grand eunuque quoi faire? Me répond le chinois en chef.
Leur interrogation laissant entrevoir un destin sinon douloureux au moins amoindri pour notre estimé capitaine force sa réaction et son organe retentit dans ces sous-sols immenses et métalliques avec une allonge peu commune
-Moi Regginald Horacio Shmuts en eunnuque conducteur de jonque! Fichez-moi toute cette pouillerie aux fers et vite!
L'éditeur proteste, menace mais il n'obtient que quelques coups de crosse de supplément et aucun régîme de faveur.
Enfin nous voilà revenu à notre destin atlantique à la satisfaction de tous et de chacun.
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