• Les fins dernières et tout ce genre de choses

    Je me réveillais, étonné, je n'étais pas même mouillé, étais-je au paradis ou en quelque contrée mal relevée?

    Que nenni, j'apercevais notre commandant et quelques uns de mes camarades, ils étaient en grande discussion avec Mr et Mrs Pure dans un grand salon boisé d'acajou.

    Ainsi je n'étais donc pas plus à bord de la chaloupe à vapeur de ce cher Carderon mais bien plus certainement sur le yacht des Pure. Tiens donc je les croyais partis en voyage de nôces du côté des Bermudes.

    Tous regardaient leur montre avec une inquiétude que je ne m'expliquais pas, derrière le bar, le cher Bando préparait des cocktails, c'était sa nouvelle lubie.

    J'éternuais, quel rhume je tenais, séquelle sans doute de mon séjour prolongé dans l'eau glacée. Mon éternuement fit tourner toutes les têtes vers ma personne.

    -Ah garçon vous voilà de nouveau parmi nous!

    Le commandant Shmuts me fit alors le court récit des dernières heures, j'avais passé quelque temps dans l'eau jusqu'au moment où ce cher Bando m'avait cueilli et convoyé jusqu'au navire le plus prôche, soit le yacht des Pure:

    -Un fier nageur que votre compagnon! Malgré tout je ne puis approuver votre propension à la baignade en des heures difficultueuses où vous étiez en charge de la bonne marche du batîment, vous voudrez bien prendre les arrêts monsieur le second officier et de préférence loin du bar.

    -Bermettez-boi cobbandant, je ne...

    -Rébellion! Vous êtes dans un mauvais cas mon cher, ne l'envenimez pas avec des paroles inutiles...

    Sans doute exagération méridionale de la part belge de mon tempérament, je m'emportai plus que de mesure:

    -Bais berde alors! Laissez-moi barler, je vous dis que le bateau ne coule bas!

    -Oui merci nous avions remarqué. C'est d'ailleurs fort embarassant pour tout le monde.

    De fait mes camarades semblaient fort préoccupés pas l'insubmersibilité démontrée de notre batîment et ils avaient tous leurs jumelles fixées sur le R.M.S. Terribeule dont l'on distinguait la poupe hautaine par les fenêtres du salon.

    Je fis un compte-rendu circonstancié des récents événements du bord qui ne laissa pas d'étonner notre commandant:

    -Ce Pump-Hurryman n'est décidément pas raisonnable, et son attitude nous interdit tout retour à bord c'est très contrariant.

    Il ajusta un peu mieux ses jumelles et demanda sans se retourner à notre hôte John Pure:

    -Sur quelle heure vos charges étaient-elles réglées monsieur Pure?

    -J'avais demandé le quart de deux heures, je m'étais dit qu'avec la lune et les nuages, les glaces brillantes et les fusées de détresse, la scéne du naufrage serait atrocement romantique et émerveillerait ma chère Johanna.

    Je ne voulais pas comprendre, je me levai, non sans dificultés, et marchai comme je pouvais jusqu'au commandant:

    -Faut-il combrendre, que le jeune bonsieur Bure avait l'intention de faire sauter le R.M.S. Terribeule cobbandant?

    -Eh bien quoi. Il voulait offrir en cadeau de nôces le spectacle d'un naufrage de transatlantique à sa jeune épousée, c'est son droit, aprés tout il est passager de première classe et c'est l'un des meilleurs clients de la ligne!

    Le commandant regarda sa montre:

    -Trois heures cela ne viendra plus maintenant. La prochaine fois mon cher, soignez un peu mieux l'ouvrage!

    La déception se lisait sur le visage trés innocent de Mrs Pure, elle éclata en sanglôts:

    -Johnnie vous êtes... vous êtes un impuissant !

    Et elle quitta la pièce suivi par son impardonnable mari.

    Car enfin ainsi que le résuma notre commandant, c'était là notre dernière chance de ne point passer dans nos clubs respectifs pour de fieffés crétins et d'autres qualificatifs moins assonants encore venaient à l'esprit de chacun de nous.

    -Si ce foutu raffiot ne consent pas à couler, je nous prédis une fin de carrière des plus haletantes au cabotage dans l'une de nos colonies.

    A huit heures le matin, force nous fut de reconnaître que le R.M.S.Terribeule se portait toujours fort bien, nous étions maintenant assez prôche de son bord et nous entendions les cris d'émeute et de beuverie. Et sans doute à l'heure où l'on me lit le R.M.S. Terribeule,  navigue-t-il toujours sur Internet, peut-être s'appelle-t-il Croiseur Révoluçion ou de quelque autre nom pirate, qui le sait?

    Nous eûmes néanmoins le plaisir de recueillir à notre bord le cher Révérend Hooples réchappé d'une demie-douzaine de pelotons d'exécution.

    Nous eûmes le déplaisir le lendemain de repêcher cet imbécile de Pump-Hurryman, une junte de serveurs boliviens venaient de le destituer et elle avait porté Fantaltomass à leur tête.

    -Vous voulez dire ce cher vieux machin de sir Samuel Pristie! S'exclama tout à fait rigolard le cher Bando que la confection de cocktails savants pour tout le monde avait rendu indéfectiblement joyeux.

    -Ah je savais bien que ce n'était pas boi! Dis-je avec quelque triomphe dans la voix. Quand bêbe sir Samuel Bristie qui aurait imaginé? 

    -Comment vieille branche vous ne saviez pas que Fantaltomass était le bedonnant sir Sam? J'aurais du vous prévenir...

    Il nous expliqua que sir Sam n'était que la créature de son épouse comme nous tous ici et qu'il n'y avait jamais eu derrière toute cette lamentable aventure que Lady Agnotha Pristie, les auteurs même n'ayant été qu'une figuration inutile (et peu rétribuée... ah si parce que quand même les heures de dactylographie et le travail de documentation... comment ça ta gueule Raymond? Mais non je la fermerai pas! 'chuis délégué syndical ou m...!)

    Euh... oui Lady Agnotha Pristie à qui ses médecins avaient conseillé le repos, l'air marin et surtout:

    "No crime please!"


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